Interview du -

Compagnie Les Hostilités

interwiew réalisée le 23 Février 2024

 

Qui êtes-vous ?

La Compagnie Les Hostilités est une compagnie lorientaise qui a à cœur de créer, promouvoir et diffuser le spectacle vivant en étroit lien avec le territoire et le patrimoine. Elle aborde ainsi dans ses spectacles des thématiques en lien avec le paysage qui l’entoure : maritimité, ruralité, urbanisme. Elle s’amuse de pouvoir créer dans ces endroits pouvant être considérés comme hostiles, hors de la boîte noire de théâtre ; de faire se répondre des textes et des lieux, la chair et la pierre, la voix et le vent, pour un théâtre toujours plus vivant, ouvert et accessible. 

Chaque proposition artistique que la compagnie produit s’accompagne d’outils de médiation divers, de l’atelier de pratique amateur à l’intervention de conférenciers. Les événements qu’elle produit mettent en avant une certaine pluridisciplinarité afin de toucher un large public et d’élargir le regard sur une œuvre.

Lorientais, Salomé Rousseau, Léandre Larmet et Rosalyn Jones se sont rencontrés au lycée Jean Macé à Lanester. A la fin de leurs études, ils se sont retrouvés autour d’un projet commun, à l’initiative de Salomé, avec l’envie de s’implanter sur le territoire qui les a vu grandir et d’enrichir son paysage culturel, dans un souci d'accessibilité et de qualité artistique. Ils ont été rejoints par Jules Conan, lui-même lorientais, partageant leurs valeurs d'accessibilité et leur désir de propositions artistiques uniques en Pays de Lorient.

Pour mémoire à l’été 2023, la Cie a créé sur les deux rives de la rade ( à Lorient et à Port Louis ) un événement : Spectres d’Histoire(s) de la rade, combinant plusieurs disciplines artistiques avec un temps fort à l’intérieur du K3, Blockhaus Atlantique . Le public était invité à des propositions artistiques dans des lieux historiques et /ou emblématiques comme l’intérieur de la Base des sous-marins, la Grande poudrière à Port louis, le port de pêche, ou le Péristyle. 

 Fondalor avait participé au financement de ce projet.

Votre projet artistique ?
Sur une base de recherches documentaires et historiques, nous souhaitons proposer des créations originales en lien avec des sujets de patrimoine, mais aussi et surtout avec des sujets de réflexion contemporains pour en faire une base de représentations théâtrales « hors les murs » c’est-à-dire en dehors des salles de spectacle dédiées et donc d’investir des lieux historiques ou symboliques comme nous l’avons fait en 2023. Comment se créent des liens entre l’Histoire et nos histoires personnelles ? Comment le passé (spectres d’histoire(s)) rejaillit sur les nouvelles histoires en gestation ? Voilà les questions au cœur de nos réflexions et qui inspirent nos créations. 

Notre volonté est de créer ces événements artistiques ici, au Pays de Lorient. Puis d’élargir nos propositions par la suite, en Bretagne. Investir le territoire pour des propositions toujours plus riches et toucher de nouveaux publics, toujours différents. 


Parlez-nous un peu plus de vous et de votre fonctionnement...

Sur la partie création artistique, Salomé, Rosalyn et Léandre écrivent, montent et jouent dans les spectacles qu’elles et ils créent. Le rôle de Jules est celui de  chargé de production. Il centralise les questions administratives et relatives à la production de chacun des projets engagés par les membres du collectif. Pour la partie évènementielle, nous travaillons tous ensemble sur la programmation puis séparément sur plusieurs tâches différentes : technique, logistique… Il nous est important de travailler aussi sur invitation, afin d’apporter un autre regard au paysage local, et de travailler avec des artistes qui nous touchent. Pour l’instant la partie communication et médiation est gérée par Salomé. Avec tout ça, nos semaines sont bien remplies et sportives ! Il faut savoir passer d’une casquette à l’autre en un temps record.

Les artistes écrivent suivant 3 processus d’écriture différents ce qui constitue une richesse. Au tour d’un processus artistique commun, décrit ci-dessus, ils se donnent une grande liberté individuelle de création .

Tous trois ont suivi un cursus théâtre au lycée Jean Macé à Lanester pour partir ensuite suivre des études de théâtre ailleurs Rosalyn et Léandre à la Comédie de Reims, Salomé en DEUST Théâtre à l’université d’Aix-Marseille, puis à l’École Auvray-Nauroy à Saint-Denis…Soit 7 ans d’apprentissage avant de revenir. À l’occasion de notre premier événement, nous avons rencontré Jules, qui a intégré l’équipe presque aussitôt.

 

LES BIOGRAPHIES 

JULES
Formé au sein du master Développement, territoires et spectacle vivant de l’université de Lille, après une incursion dans l’histoire de l’art, et une halte significative au sein de projets culturels à destination des jeunesses, Jules développe et cultive un attrait pour la coordination et le développement de formes collectives, vivantes et expérimentales, à la croisée des disciplines. Porté par des expériences en collectif de création sonore, de projets européens, d’occupation temporaires de lieux, ou plus récemment en CDN ou collectif d’arts de la rue, il rejoint la compagnie Les Hostilités au début de l’année 2023, à l’occasion du premier format Spectre(s) d’Histoires.

SALOMÉ
Salomé Rousseau est comédienne et metteuse en scène. Elle se forme au DEUST métiers du théâtre à Aix-en-Provence, durant lequel elle effectue un stage en relations publiques au Théâtre National de Bruxelles, avant d’intégrer l’école Auvray-Nauroy, à Saint-Denis pour reprendre le travail de plateau et de création artistique pure. Elle joue dans plusieurs mises en scène dès 2018 : Les Emboités de Françoise Huguet, L’Éveil du printemps adapté et mis en scène par Eram Sobhani, La Marelle de Théo Bianconi. Assiste à la mise en scène Julien Kosellek, pour Macbeth (2019), Thomas Nordlund pour La Parenthèse de sang (2021). Elle crée et met en scène Les Coléoptères nécrophages (2021), et Lavoirs (2024). Elle co-organise divers événements culturels et artistiques, dont le festival Carmage, Spectre(s) d’Histoires de la Rade, et travaille depuis plusieurs années au festival Interceltique.

LÉANDRE
Léandre Larmet se forme en tant que comédien au conservatoire du 9e arrondissement et à l’école de la Comédie de Reims, où il fait des stages auprès de Sébastien Evenno, Chloé Dabert, Dan Artus, Sylvain Creuzevault, Christophe Honoré et Delphine Hecquet. En 2013, il participe à la création/écriture de la première version de Blockhaus Atlantique. En 2015, il intègre la compagnie Still Life Experiment pour deux spectacles: AYSTWAA? créé au Théâtre de la Bastille dans le cadre du festival Acte et Fac et De L’Infinito [...] créé au Théâtre de L’Opprimé. En 2021 il participe à une performance conceptualisée par Sébastien Roux et Célia Houdart dans le cadre du festival Intercales à la Comédie de Reims, et joue dans le spectacle Corniche Kennedy adapté et mis en scène par Delphine Hecquet. Il met en scène et joue dans Blockhaus Atlantique en 2023.

ROSALYN
Rosalyn Jones se forme en tant que comédienne au conservatoire du 9e arrondissement et à l’école de la Comédie de Reims.En 2015, elle rejoint la compagnie Still Life Experiment à l’occasion de deux spectacles: AYSTWAA? créé au Théâtre de la Bastille dans le cadre du festival Acte et Fac et De L’Infinito [...] créé au Théâtre de L’Opprimé. En 2017, elle rejoint l’ENSEMBLE SÉRAPHIN pour la création à Delémont (Suisse) du spectacle Gilgamesh. En 2019, elle fonde Harpies Records, un collectif d'artistes et label de musique électronique. En 2021, elle est interprète dans Villa Crimée, performance sonore conceptualisée par Sébastien Le Roux et Célia Houdart, ainsi que dans le spectacle de Delphine Hecquet, Corniche Kennedy. En 2023, elle joue dans Blockhaus Atlantique, premier spectacle de la compagnie les Hostilités. La danse et la performance ont une grande place dans son parcours artistique, et elle suit régulièrement des workshops pour enrichir sa connaissance du corps et du mouvement.


 Les projets 2024/2026...

Forte de ses personnalités artistiques, les projets de la Cie sont nombreux sur les 3 années à venir.

2025 :  « Lavoirs » pièce de Salomé Rousseau à partir de recherches documentaires et de terrain,  de collectage de souvenirs d’anciennes et actuelles lavandières, ainsi que de ses usagers et usagères. Une pièce sur les lavoirs, joué uniquement dans les lavoirs.


2025 toujours : « Naufrage » un texte écrit par Léandre pour un seul en scène autour des différents sens de ce mot « naufrage », la plage, la mer… un personnage échoué sur une plage, thématiques du double, de la quête de soi.

2026 : «Souffles »  une collaboration entre Salomé et Léandre & 3 musiciens de musique populaire bretonne: Eliaz Le Bot, Morgan Cosquer, et Pierre Gateclou-Marest. Cette création est un travail réel entre les deux disciplines qui se répondent chacune avec son art. Autrement dit, la musique n’est pas là pour accompagner seulement les comédiens, mais pour être une expression à part entière.

2025/2026 : « l’eau vive » de Rosalyn Jones , théâtre documentaire , une écriture à partir des mythes et légendes notamment celtiques et plus généralement autour de l’imaginaire lié à l’eau .

Faire le pont entre les questions environnementales et les légendes d’autrefois. « Le futur est ancestral » dit Rosalyn . (Le futur est ancestral, citation d'Ailton Krenak, philosophe et militant écologiste de la communauté des Krenak au Brésil )

Un spectacle qui alliera théâtre, vidéo et court métrage.

Et si possible une deuxième édition de Spectres d’Histoire(s) dans cette période. 
 

Qu’est-ce qui caractérise votre pratique de jeunes artistes du spectacle vivant

Ce sont des spectacles mêlants les disciplines et les influences. De cette approche découle notre appétence pour le corps et le mouvement dans un rapport essentiel au texte et à la poésie. Ce qui constitue la singularité de notre projet de territoire.

Cette jeune équipe est caractéristique d’une nouvelle génération de comédiens qui a la volonté d’accorder au travail corporel une place importante dans le jeu d’acteur en complément du travail sur le texte. 

On l’a constaté dans les différents spectacles de « Spectres d’Histoire » et on le constatera dans les projets à venir.

Cette approche demande un investissement physique et mental total.

Quelles difficultés pour une jeune Compagnie ?

On manque d’abord ici de structures d’accompagnement pour les questions administratives, de mise en commun de moyens techniques et de recherche de financement. Cela existe sur d’autres territoires.

Les critères de choix des financeurs ne les incitent pas beaucoup à se risquer sur l’émergence, sur les jeunes artistes, ce qui est notre cas. 

Et Fondalor ?

« Pour nous, c’est clairement une chance. Pour « Spectres d’Histoire(s) », même si nous envisagions un financement plus important, Fondalor a été déterminant et nous avons travaillé à réorganiser l’événement sans le dégrader en fonction des moyens alloués.