Interview du -

Dès lors, un vrai désir d’orientation artistique nouveau ne va plus les quitter : passer de l’interprétation rigoureuse à une expression créatrice à travers la chorégraphie. Une vraie grande transformation des esprits et des corps…
Leurs expériences de vie respectives scellent le désir commun d’aller vers les autres. Justement, ils créent très vite une structure associative de rattachement, LE PÔLE, qui va les faire glisser vers la chorégraphie au service de véritables projets artistiques.

L’envie de s’adresser à des publics singuliers relève de l’intime : personnes âgées, EHPAD, groupes scolaires et adolescents, personnes incarcérées… Par choix, ils initient des projets de chorégraphie dans des lieux inhabituels ou l’expression devient créative et théâtrale. On met en lumière la représentativité des personnes et des groupes, à travers une stratégie d’alliance et d’innovation artistique. Et des liens plus étroits se nouent avec le public. « On ne fait pas ce métier pour cocher des cases », résument-ils très modestement...

À partir de 2014, LE PÔLE trouve son équilibre de fonctionnement et peut initier des créations plateau avec de nouveaux danseurs issus du territoire national, tous intéressé par ces scénarios de représentations artistiques de plus grande envergure. Progressivement LE PÔLE va se consolider jusqu’à compter sept danseuses et danseurs contemporains en 2019. La structure de rattachement joue à présent pleinement son rôle. Ces pièces pour les scènes de théâtres seront jouées dans des centres chorégraphiques nationaux et des scènes nationales (Rennes, Le Havre, Brest, Sarzeau, Lorient, Marseille)
La dernière pièce « Into-the-Wall » est inspirée du scénario musical des Pink Floyd. Elle est programmée en 2021. Mais le spectacle sera différé par nécessité sanitaire.
Alors, dès que cela a été possible, des projets de performances et d’ateliers en école et en EHPAD ont repris de plus belle. C’est la marque de Katell et Léonard. « On n’échappe pas à ces demandes d’atelier dans les établissements », lancent-ils, avec beaucoup d’humilité.

Katell et Léonard balisent les semaines et créent l’intensité. « On choisit d’aller à la rencontre et d’investir des lieux et leur public, et on développe des relations uniques avec chaque public : on écrit chaque fois une grammaire chorégraphique instantanée, on crée des canevas nouveaux dans lesquels on essaie d’aspirer les interlocuteurs qui se laissant porter. Au fond, Katell et Léonard font ce qu’ils ont toujours voulu faire : composer et improviser dans une expression chorégraphique, non narrative.  

 

Sur scène, les thématiques du langage gestuel et des mouvements rythmés sont en rapport avec les domaines de l’universel, loin des stéréotypes et des lieux communs, loin des sujets sociétaux déjà largement évoqués par ailleurs. Sur scène, les liens directs avec le public quel qu’il soit, reste le  véritable tissu majeur nourricier de la créativité et de l’expression chorégraphique. Katell et Léonard restent dans l’interprétation calculée et dans l’improvisation, ici et maintenant.

Et ils résument : « Il faut transformer le rapport au temps, aux lieux et aux publics ».

Passer d’un regard qui dévisage à un regard qui envisage (J. Cocteau)