Interview du -

Pouvez-vous nous préciser, ce qui dans votre parcours personnel a fait l’artiste que vous êtes aujourd’hui ?
Gaele débute son parcours à l’école Saint-Luc de Tournai en Belgique, fameuse école d’Arts appliqués où elle rencontre une éducation artistique et libertaire déterminante. Elle a 16 ans et s’y retrouve avec son jeune frère Benjamin. « Autant mon frère était dès le plus jeune âge un talentueux dessinateur, de mon côté je n’étais pas encore attirée par la création et rêvais d’exercer le métier de restauratrice de tableaux ou conservatrice de musée… »
Elle termine néanmoins le parcours à Saint-Luc avec brio et rentre en Fac, à Rennes, pour s’adonner à sa passion pour l’histoire de l’art.
« En Fac j’étais confrontée à une autonomie plus marquée, à une moindre sollicitation. » 
Elle cherche donc et trouve un atelier où elle dessine et peint. Elle expose ses premières œuvres en 1994 à la Trinité sur Mer.
« J’ai eu beaucoup de chance, à cette époque, d’avoir rapidement trouvé un public amateur de mon travail ».

Y a-t-il un fil rouge qui guide votre expression artistique ?
« L’idée du mouvement ne m’a jamais quittée. Le fil rouge de mes recherches, c’est indiscutablement le mouvement ». Gaele l’affirme sans hésitation.
Déjà, étudiante en Belgique, elle imaginait comment créer des machines aux moyens d’engrenages et de manivelles, et faire tourner des têtes de vaches au cœur d’un circuit de train électrique…
Gaele matérialise dans ses créations de nombreuses recherches et expositions autour du corps en mouvement. Et cela la fascine. En conséquence, ses créations deviennent peu à peu hybrides : la peinture croise la danse, la vidéo, la musique, le théâtre, la nature, le vivant.  

Quel lien entre « le mouvement » et la collaboration avec d’autres formes artistiques ? 
Une recherche en amène une autre, et l’incite à mettre sa pratique au service de multiples projets en explorant, par intérêt naturel, des chemins collaboratifs. Ceux-ci vont prendre de plus en plus d’importance selon les domaines abordés, de plus en plus diversifiés. 
Dans l’évolution de ses recherches, l’artiste n’hésite pas aujourd’hui à collaborer avec le spectacle vivant, sous forme de projection d’images animées ou de concerts dessinés. Elle vient d’achever l’habillage graphique du projet « TREI[Z]H » imaginé par le trompettiste Youn Kamm, musicien emblématique de la scène bretonne contemporaine.

Quelle place tiennent la mer, le maritime dans votre vie et votre œuvre ?
Navigatrice, elle côtoie le monde des marins depuis toujours et développe également des projets de voyage en mer, mais sans jamais s’enfermer dans cet horizon maritime. Lutte bretonne, danse, artisans à l’ouvrage font partie des thèmes choisis. Toujours le mouvement…
À deux pas du port de Sainte-Catherine, de nombreux projets couvent dans son atelier.  Certains respirent particulièrement l’aventure maritime. Résidences d’écriture, expériences musicales, dessinées, spectacles et matelotages, Gaele, avec une copropriété d’artistes, a récemment acquis un petit catamaran afin d’initier des laboratoires artistiques en cabotage sur les côtes bretonnes. 
Ce bateau-atelier répond à un besoin d’explorer de nouveaux espaces en lien avec la nature et la navigation, l’expérience d’un futur monde flottant où l’Art a toute sa place.

Quelle ambition, quels projets pour « Les Ateliers du Bout de la Cale ».
Initiatrice de l’association « Les Ateliers du Bout de la Cale », laboratoire et incubateur d’événements maritimes et artistiques ancré au cœur de la rade de Lorient, elle développe de nombreuses collaborations, tant au travers du spectacle vivant que des arts visuels.
L’association, en passe de publier le deuxième opus de sa revue artistique « Le Décalé », co-produit également une expédition maritime à l’horizon 2023 au cœur de la Méditerranée. Ce projet - Jardins possibles - est une invitation à tourner un récit d’aventures en aventure de récits. Nous sommes dans l’Odyssée, et l’enjeu serait d’aller à la recherche des plantes nommées par Homère pour composer une partition singulière : assortiment de graines, recueil de toutes les essences répertoriées, depuis les thuyas de Calypso jusqu’aux asphodèles des Enfers… L’aventure se déroulerait à pied, à la voile, avec une équipe de marins, musiciens, philologues et botanistes, afin de chercher les précieuses semences sur les rives opportunes…

Quel lien avez-vous avec le Pays de Lorient ?
Gaele Flao vit et travaille à Locmiquélic, dans le Morbihan. C’est un choix de lieu de vie de longue date, qui marque définitivement son enracinement et son amour pour la rade de Lorient et les Coureaux de Groix. Ses travaux montrent son appétence pour une perpétuelle recherche du récit et du vivant en lien avec son ancrage territorial. Dans toutes ses œuvres, l’expression de l’énergie apparaît, dans des contrastes de lumières et de transparences, du trait et de la couleur.
Ces multiples expériences composent aujourd’hui son travail de plasticienne, tant dans l’approche spatiale de l’image que dans la démarche de création collective.

Bon vent, beaux voyages, exceptionnelles histoires…
www.gaele-flao.com