Interview du -

« J’aime bien me mettre dans des choses nouvelles. On ne peut pas savoir pourquoi on est fait tant qu’on n’essaie pas tout ».

Son parcours en témoigne. Née à Belfort dans une famille sans lien particulier avec la pratique des arts, elle commence, dès les années 2000, par découvrir la danse contemporaine dans le Centre Chorégraphique de Belfort. Elle s’inscrit ensuite dans une école de design en arts appliqués, un art en soi qu’elle juge un peu trop élitiste, puis se forme à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles, entre 2006 et 2010. Gilles Clément, paysagiste renommé qui y enseigne, encadre son travail de diplôme, qui a pour sujet le territoire de l’agglomération de Tours, un sujet qui met en question les liens entre territoire et terroir. Elle y aborde la question du territoire par l’angle de la nourriture.
« Quel périmètre de terres arables faudrait-il pour nourrir l’agglomération ? Quelles sont les décisions successives qui font que le paysage a été aménagé de cette manière ?  Pourquoi les gens habitent là plutôt qu’ailleurs ? »
Voilà le type de questions que se pose Marie. 
 
Après l’école de Versailles, elle travaille dans diverses agences de paysagistes. Mais un jour, un accident de vélo en allant au travail la fait réfléchir à la question de la mise en jeu de son propre corps. Elle reprend des études au FAI-AR (Formation Avancée et Itinérante des Arts de la Rue) à Marseille.

« J’étais un peu le mouton noir, je n’avais pas suivi de formation liée au spectacle. J’ai développé un travail de performance autour de la nourriture : j’écrivais des textes assez courts. Je mettais en scène mon propre corps, par exemple, suspendue par les pieds, je racontais mon texte. L’idée était d’évoquer des images de mon enfance, comme un chevreuil suspendu par les pattes dans le garage de mon grand-père chasseur ».
 

Puis, avec une amie de l’école de Versailles, elle crée une compagnie « L’écumerie », basée à Noirmoutier et qui concevait des traversées-spectacle sur l’estran, ce territoire méconnu entre hautes et basses eaux.


Marcheuse à Lorient

Arrivée à Lorient en 2020, Marie s’inscrit à l’École Européenne Supérieure des Arts de Bretagne, où elle obtient un DNSEP art mention récit (grade master) en juin 2022. À partir de l’appartement qu’elle occupe, rue de Verdun à Lorient, elle commence à arpenter les bords du Scorff, elle remonte le Blavet vers Hennebont, prend le bateau et découvre Port-Louis et Gâvres… Marie s’imprègne des paysages lorientais qui l’inspirent énormément et auxquels elle s’attache profondément. Elle y aime la pluralité des paysages, la diversité des échelles, de l’ouverture vers l’océan aux paysages plus cloisonnés de l’arrière-pays.

« C’est comme une composition musicale : c’est comme si le paysage avait différentes couleurs. C’est ce qu’on ressent dans ces paysages qui m’intéresse, par exemple passer d’une zone industrielle à un chemin creux, mémoire résiduelle du paysage. »


Et puis, l’idée lui apparaît : imaginer un sentier d’exploration urbaine et artistique à l’échelle du Pays de Lorient. C’est le projet qu’elle présente à Fondalor.

Marie Delaite a été primée par Fondalor en avril 2023 pour son projet de sentier-paysage du pays de Lorient. Elle voudrait créer un sentier qui traverse l’espace périurbain, les cités, les zones d’activités, qui côtoie 4 voies et cours d’eau. Un sentier qui sera une manière inédite de découvrir le Pays de Lorient, à travers marches, expositions, pique-nique, discussions, rencontres. Ce projet de sentier se traduira par un balisage spécifique et par l’édition d’un guide de randonnée.
Alors, mettons nos chaussures de rando et tenons-nous prêts à mettre nos pas dans les siens !