Interview du - Louis Michau
Son parcours de formation le conduit à s’inscrire en prépa à l’académie de dessin de Tarbes ou il participe à de nombreux concours d’arts plastiques, discipline préférée aux arts appliqués.
En 2006, c’est le grand saut géographique : par choix, il s’inscrit aux beaux-arts à Lorient, l’EESAB - l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne. Il y fait des études longues, 5 années, et en sort diplômé en 2011. Parlant de son cursus d’études, il aime affirmer : « Je me suis construit avec ça ». Pour questionner les espaces et leurs usages, Simon en crée de nouveaux en utilisant des matériaux de récupération : bois, essences que la nature lui offre. Il investit les espaces urbains et paysagés en interrogeant l’orientation de nos manières de penser et d’organiser nos vies.
Pour acquérir une certaine stabilité financière à la sortie des beaux-arts, Simon exerce un emploi de surveillant au Lycée Émile Zola d’Hennebont. Simon édifie ses premières réalisations, tout en volume, en occupant toujours l’espace de jeu. Des débuts pas forcément rémunérateurs lui permettent tout de même d’investir différents espaces pour développer ses créations. Il répond à des appels à projets, dans le Morbihan et en Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine : Pont-Scorff, Ploezal, Rennes notamment.
Il se produit un vrai déclic, en 2012, apporté par la coopération d’une douzaine artistes qui décident d’unir leurs forces et s’impliquer pour créer une association : Multi-Prises, destinée à soutenir et promouvoir les projets artistiques. Plusieurs projets sont élaborés et l’association se professionnalise. Les artistes commencent à pouvoir se rémunérer de leur travail. Multi-Prises et sa structure associative, montée de toute pièce, seront le premier décor d’éclairage individuel et collectif portant sur les modes de vie des métiers de l’art, les expériences et les pratiques. C’est une période intellectuellement riche, artistiquement faste qui durera 5 à 6 ans.
Depuis 2014, les réponses aux appels à projets sont, pour Simon, le cœur de son activité. Il commence à se faire un nom dans le milieu des arts plastiques et des œuvres in situ éphémères. On l’appelle pour organiser l’occupation des espaces et des volumes, pour édifier ses structures imposantes, à Chateaubourg, Grenoble, Vannes, Amiens, Lisieux. Il s’investit dans son art et fait face à toutes les sollicitations, à tous les défis, à tous les exploits y compris physiques.
Ses projets ? Simon se pose à présent des questions fondamentales après ces temps intenses de création, sautant de résidence en résidence, sans espace tampon de régénération. Comment organiser sa vie en investissant le temps et les moyens, en préservant le sens de l’expression artistique, en interrogeant les modalités de production tout en partageant mieux la vie familiale ? Un projet immobilier d’atelier pourrait avoir maintenant ses préférences pour mieux façonner ses œuvres et les modes de production.
« J’ai à présent le désir fort de poursuivre et de me dépasser dans la recherche et la création artistique, même si cela implique une vie d’essoufflement, mais je suis soucieux de vivre aussi une existence plus équilibrée, moins trépidante et plus résidente ».
En tout cas, soyons-en certains, Simon sera bien là pour nous montrer ses installations impressionnantes et inédites, interroger notre relation physique à nos environnements et nous agripper dans son espace ouvrant sur l’appréhension de la matière.