Interview du

"Quand on cuisine, on donne une partie de soi-même" 

Grand cuisinier français, Jean Paul Abadie n’est pas sorti des grandes institutions lyonnaises ou parisiennes, mais d’une étonnante « École des Femmes » fréquentée tout au long de sa vie.

Sa mère, tout d’abord qui devait nourrir chaque jour un foyer de 9 personnes, pas une mince affaire pour cette famille aux moyens modestes du plateau de Lannemezan. Il fallait tout faire soi-même avec les produits du marché que l’on mettait en conserves. C’est là que Jean Paul a commencé à sentir les bonnes odeurs qu’il recherchera sans arrêt à recréer partout où il est passé. Une vocation était née. Inutile de dire la colère de cette femme lorsque l’orientation scolaire destinait son garçon au métier de carreleur. Mais, c’est bien au métier de cuisinier qu’il sera formé dans un Collège d’Enseignement Technique à Tarbes. Il n’y avait pas moins de 54h de cours chaque semaine, une discipline, mieux valait ne pas avoir les mains dans les poches.  À la tête de l’établissement régnait Mademoiselle Victor, référence absolue de bien des générations de Bigourdans. Une bien belle personne qui vécut de plus d’un siècle.

Et puis, il y eut cette rencontre avec Véronique à Quiberon. Elle était partie pour faire des études d’allemand, mais finalement ce fut la décision de s’installer qui l’emporta. Il y eut un démarrage à Hennebont dans un important hôtel-restaurant, puis à Lorient dans un petit établissement, l’Amphitryon, où il allait pouvoir s’épanouir pleinement. Le lieu n’était pas des plus valorisant et beaucoup étaient sceptiques sur la réussite d’un restaurant gastronomique à cet endroit, hormis la Banque de Bretagne qui apporta, en confiance, tout de suite de quoi démarrer. Ce fut la réussite d’un couple. Véronique, épouse hors du commun, est devenue une grande professionnelle ce qui lui valut le titre de « meilleure sommelière de l’année » en 2009. Quant au restaurant il n’a pas tardé à recevoir la consécration du guide Michelin et des récompenses qui permirent entre autres à Jean Paul d’obtenir le titre de « Cuisinier de l’année » en 2004. Avec lui, tout est simple et naturel : je fais des bonnes choses avec les bons produits de la terre et de la mer que je trouve dans la région de Lorient . Du talent pour accommoder tout cela, il n’en parle jamais. Ce sont ses confères qui disent : » c’est le meilleur d’entre nous » et il n’a pas eu besoin d’attaché de presse pour se faire reconnaitre un peu partout su la planète tant la qualité de ce qu’il fait est évidente.

Lorient a trouvé en Jean-Paul Abadie un bien bel ambassadeur. Et Fondalor aussi !