Interview du - Gérard Darris
Un univers artistique fantastique
Rentrer dans l'atelier de Violaine Fayolle, c'est comme pénétrer dans un monde peuplé d'êtres fantastiques, de figures hybrides, de créatures imaginaires, mi-hommes, mi-oiseaux. On sent tout de suite qu'elle est habitée par un univers artistique singulier. Fascinant, envoûtant, dérangeant forcément !
« Autodidacte, je n'ai pas voulu me diriger vers des études d'art pour éviter de réagir de manière trop scolaire et rester libre de mes créations ».
Violaine s'est orientée vers des études de littérature, soldées par un CAPES en littérature moderne.
Première expo en 2005, à la fin de ses études, des toiles brutes, plutôt violentes, qui commencent à explorer le thème des limites, limites entre vie et mort, limites entre homme et femme…
"Les désailés" : le pouvoir de parler des humains
Assez vite dans son parcours, le monstrueux est apparu, hors cadre, hors catégorie connue. Pour elle, le monstrueux n'est ni noir ni blanc, il reflète la complexité qui est au sein de chaque être.
Violaine a travaillé comme professeure de français remplaçante dans l’Éducation Nationale, affectée d'un établissement à l'autre. Le passage dans une classe de 6ème d'un collège de Vannes l'a confrontée à des enfants en difficulté, sans repères familiaux, à un moment où l'école semble incapable de répondre à ces problèmes.
C'est là que sont nées ces figures de « désailés », êtres hybrides qui ont perdu la capacité de voler. Cet état les pousse à s'adapter et à puiser au fond d'eux-mêmes de nouvelles capacités, révélant ainsi une forme de richesse et de complexité profondes. Chaque individu développe ainsi une personnalité et un caractère propre qui le rend unique, assimilable à aucun autre, distinct et différent.
« Cette volonté de lutter contre toute forme de simplification excessive est au cœur de mon travail artistique » déclare Violaine.
L’exploration, l’inspiration fantastique
Violaine est avide de nouvelles expériences et désireuse d'apprendre de nouvelles compétences expressives. Elle découvre la gravure sur bois avec Georges Le Fur et collabore avec lui à des recueils de poésie.
« Après avoir laissé de côté la peinture à l’huile pour me consacrer exclusivement à la gravure sur bois pendant des années, je m’oriente depuis 2018 vers la sculpture sur céramique ».
Ses sources d'inspiration sont nombreuses, notamment des artistes dont l'univers est fantastique et peuplé de monstres, tels Bosch, Brueghel, Goya…
Inquiète des dérives et des menaces de toutes sortes qui pèsent sur le monde d'aujourd'hui, Violaine exprime sa vérité sans faux-semblant, par les moyens détournés de son art, qui vise à toucher l'émotion du spectateur.
Une amie lui a fabriqué un sac à main sur mesure pour y ranger le carnet de croquis qui ne la quitte pas et qu'elle sort en toute occasion pour gribouiller ses inspirations.
Depuis 2023, après avoir exposé des œuvres en France et à l’international, Violaine a franchi un pas : elle s'est mise en disponibilité de l’Éducation Nationale pour se consacrer à plein temps à son activité artistique.
Un pari courageux, mais nécessaire pour pleinement s'exprimer !
Lien Vidéo de présentation des "désailés" : The wingless (woodcut) - Les désailés (Gravure sur bois)
(*) Violaine a participé à l’appel à projets de la saison 2 lancé par Fondalor en 2022, dans laquelle elle a présenté sa création « Curiosités Partagées ». Le public curieux et les habitants du site patrimonial des collines du Faouëdic, lieu qui lui est cher, sont invités à s’investir dans la création de nouveaux « désailés » …
Violaine Fayolle a été primée en avril 2023 pour ce projet artistique. La récompense a été décernée par le jury en particulier pour son désir de fédérer un élan de partages de curiosité et se laisser porter par les propositions et le dynamisme des habitants dans la création artistique à venir. Une prochaine aventure dont nous allons reparler…